Vincent Langeais ARI
Vincent Recyclage : l'ancrage familial
Posté par : Martine Chartier 03.03.2020
Dans la famille Vincent, je voudrais le fils, Nicolas, le père Michel et la mère Françoise, sans oublier le grand-père Raymond. Au commencement de l’histoire familiale, car il faut toujours un début, il y a Eugène, cultivateur à la Roche Canillac en Corrèze. Entre le travail de la terre à la belle saison, et le ramonage des cheminées en région parisienne à l’automne venu, l’arrière grand-père s’installe en Touraine et créé l’entreprise en 1903. Et c’est la commune de Langeais à une trentaine de kilomètres de Tours (Indre-et-Loire) qui abrite la société de recyclage.
Michel se souvient que son grand-père se réoriente après s’être brûlé alors qu’il travaillait dans une fonderie de cuivre. « Il a rencontré ma grand-mère dont le père était chiffonnier. Il a épousé la fille et le métier. » Au fil des années, la famille va abandonner les chiffons, les plumes et autres peaux et poils au profit des déchets métalliques ferreux et non ferreux. Raymond prend la suite en 1978, il œuvre à cette époque sur un terrain appartenant à la SNCF. A 92 ans aujourd’hui, il passe tous les jours sur le chantier faire son petit tour. Michel son fils se saisit du flambeau en 1993, bientôt rejoint par son épouse Françoise qui abandonne son métier de commerçante en mercerie. « C’est dès ce moment, indique-t-elle, que les choses ont commencé à changer avec l’acquisition de terrains. Nous avons acheté le terrain en face, puis celui qui accueille les bennes. Nous avons mis l’ensemble des sols aux normes en 2008 et acheté du matériel. »
« Mon grand-père, regrette Nicolas, n’a jamais voulu se développer, nous avons pris beaucoup de retard. Alors que mon arrière grand-mère voulait aller à Tours, son fils souhaitait rester entre Chinon et Tours. Il continuait à charger les camions à la fourche ! Or, pendant ce temps-là, la concurrence avançait à grands pas. »
Une croissance par étapes successives
Dès l’entrée du site industriel, on voit clairement que l’entreprise s’est développée sur plusieurs espaces à mesure que le métier s’élargissait et s’enrichissait de nouveaux matériaux et de nouveaux équipements de tri et de préparation.
C’est au moment de la réalisation des travaux pour la protection des sols que Vincent Recyclage s’équipe d’une presse cisaille, d’une presse à balles pour les papiers et cartons, et d’un broyeur pour la destruction des documents. Divers engins et des bennes ont complété l’ensemble. La société propose aujourd’hui des prestations globales aux entreprises, la location de bennes, de presses à balles et de compacteurs, et l’enlèvement de tous leurs déchets.
ISO9001 et 14001 en 2014, Vincent Recyclage a contractualisé avec les éco-organismes pour assurer la collecte des DEEE, et celle des déchets dangereux. Elle est aussi agréée pour les VHU. Ils sont dépollués sur le site avant de rejoindre les broyeurs agréés.
Bassin industriel
Le volume annuel des matériaux collectés et traités est d’environ 22.000 tonnes, dont entre 5.000 et 6.000 tonnes de ferrailles, près de 6.000 tonnes de DID, 5.000 tonnes de gravats, et environ 3.000 tonnes de papiers-cartons.
Le rachat du groupe Sepchat par Derichebourg qui a fermé certains sites, a eu pour conséquence d’accroître l’activité de Vincent Recyclage, qui travaille parfois en collaboration avec le réseau Praxis. C’est le cas en particulier pour la centrale nucléaire de Chinon en partenariat avec la société BS Environnement.
Le bassin industriel environnant se compose de nombreuses imprimeries qui rencontrent aujourd’hui de graves difficultés, quelques laboratoires sur Tours, la centrale nucléaire de Chinon, SKF, Faiveley, Mécachrome, des plasturgistes.
Les grandes entreprises du métal et de la plasturgie ont tendance à vouloir passer en direct, et à s’affranchissant des collecteurs et des recycleurs, observe Nicolas.
La PMI qui compte une vingtaine de collaborateurs, tient fermement à son indépendance. Nicolas a participé à la création de l’ARI (Association des Recycleurs Indépendants). Françoise explique ce choix par la volonté de « s’entourer de gens qui répondent à nos questions, qui soient proches et prennent en compte nos problématiques ».