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BIR

Une situation mondiale contrastée

Rendez-vous avec... Arnaud Brunet, directeur général du BIR

Posté par : Martine Chartier 04.02.2025 à 16h26

Les temps sont particulièrement chahutés à travers le monde et les échanges commerciaux risquent d’en être troublés. Les équipes du BIR (Bureau International du Recyclage) sont des observateurs avertis des évolutions de l’industrie du recyclage. Son directeur général, Arnaud Brunet, nous en livre les grandes lignes.

Profession Recycleur (PR) : La nouvelle administration américaine aura-t-elle un impact sur le commerce des matières recyclées ?

Arnaud Brunet (AB) : Nous ne pouvons pas faire de commentaire actuellement, il est beaucoup trop tôt pour savoir ce qu’il en sera. Il y a beaucoup d’annonces sur les droits de douane ou autres… Il n’y a pas eu d’alerte particulière concernant l’industrie du recyclage. Il est plutôt important d’essayer de savoir comment, d’une façon générale, l’économie américaine va influencer le marché mondial du recyclage.

Ce que nous lisons à propos de l’administration Trump est qu’il s’agit d’un style transactionnel, cela vaut dans tous les domaines, économique, diplomatique et autres. Cela sera toujours une négociation « qu’est-ce que je gagne, qu’est-ce que je te laisse ?» Nous allons voir si cela s’applique à tous les secteurs de l’économie.

PR : Vos industries sont très liées à l’économie et à la consommation.

AB : Si l’on enregistre un ralentissement économique dans une région, cela influence automatiquement nos métiers, soit parce que cela rend le « sourcing » plus difficile, soit parce que cela rend la vente plus difficile. Nous allons voir quels seront les positionnements des deux grands blocs, les Etats-Unis et la Chine, l’un vis-à-vis de l’autre.  Nous avons des zones de conflits avérés ou larvés un peu partout.  Ces zones ont eu beaucoup de conséquences sur nos métiers. La zone Pacifique est compliquée du fait des tensions entre la Chine et les pays voisins. Les zones relativement stables, Europe, Emirats arabes unis sont peu nombreuses. Nous allons naviguer à vue. Finalement, la grande question est : est-ce qu’il y aura de la croissance mondiale ou pas ? Si oui, dans quelles régions ? Ce sont elles qui vont générer des activités pour le recyclage.

PR : Les évolutions réglementaires ont-elles un impact déterminant sur le commerce des matières ?

AB : La réglementation a deux objectifs dans nos domaines : environnemental ou  purement économique. Le problème est que, sous couvert du premier, on utilise  souvent la réglementation dans un objectif purement économique. Nous savons que des bouleversements sont en cours avec le changement de la réglementation sur l’exportation des déchets au niveau européen. Les pays hors OCDE ont des démarches à effectuer auprès de l’UE pour dire qu’ils veulent importer et quelles sont les mesures qu’ils mettent en place pour assurer une « gestion écologiquement rationnelle » des déchets. Très peu de pays se sont effectivement manifestés jusqu’à présent. Les délais sont maintenant très courts (ndlr novembre 2026 pour les plastiques et mai 2027 pour les déchets non dangereux). Nous ne cessons pas, au BIR, d’alerter sur la nécessité pour les gouvernements de se positionner  et de se manifester. D’une manière générale, nous constatons la prise de conscience d’un certain nombre de pays de la valeur des matières recyclées et de la nécessité de les conserver sur leur territoire national.

                Nous avons réagi assez fortement la semaine dernière à une prise de position de l’industrie de l’aluminium et de la sidérurgie qui appellent la Commission européenne à restreindre les exportations de scraps. Il ne faut pas être dupes de tout cela, sous couvert de décarbonation c’est une façon de fausser les marchés et de conserver de la matière à bas prix. Est-ce que l’on accepte les lois du marché et le fonctionnement d’un marché global ou est-ce que l’on fait du dirigisme économique au niveau européen pour faire baisser les prix artificiellement et favoriser une industrie au détriment de l’autre ?

PR : Quelles sont les nouvelles du BIR ?

AB : Le secrétariat du BIR s’est renforcé l’année dernière pour le pôle trade & environnement  avec les différentes matières et zones géographiques et la communication.

                Nous avons franchi le cap historique des 1.000 membres nets en fin d’année 2024 avec une forte croissance de membres en provenance d’Inde. Nous avons eu deux très belles conventions (Singapour et Copenhague) et de nouveaux records de participation. Nous sommes dans une phase de transition pour les conventions car, pour accueillir plus de monde, nous irons vers des centres de congrès ou de convention. Les espaces pourront être utilisés pour le networking et accroître la partie exposition. Nous avons toujours la volonté d’alterner entre l’Europe et d’autres régions du monde pour nos conventions.

                Nous lançons cette année  la BIR Academy, un outil  à but d’information et d’éducation des membres (sujets d’intérêts communs sur la finance, la technologie…) sur des formats courts et informatifs et  les « business digest » dont le premier porte sur la réglementation des exportations et ses conséquences. La prochaine convention se tiendra en mai à Valence en Espagne. Après les désastres d’octobre, ils ont besoin de soutien.

Propos recueillis par Martine Chartier

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