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cours des métaux

EURIC OCDE AQSIQ

Rendez-vous avec... Olivier François, vice-président d'EuRIC

Posté par : Martine Chartier 25.05.2021 à 14h10

Les fonctionnaires de la DG Environnement à Bruxelles donnent du fil à retordre aux représentants de la confédération européenne des industries du recyclage (EuRIC) et de l’ensemble du secteur du recyclage. Les sujets sur le grill concernent les projets de contrôle et d’interdiction des exportations des matières premières recyclées hors des pays de l’OCDE. Élus et permanents d’EuRIC sont sur le pont pour discuter avec les fonctionnaires européens, faire bouger les lignes et tenter de convaincre du danger de certaines décisions.

 

2 % d’impuretés

« Les fonctionnaires de la DG Environnement de la Commission européenne se sont focalisés sur les problèmes liés aux pollutions associées aux plastiques », observe Olivier François, vice-président d’EuRIC.

 Réalisée dans la droite ligne des décisions prises à la conférence des parties à la Convention de Bâle fin 2020, la révision* de la réglementation sur les transferts de déchets plastiques hors OCDE est entrée en application le 1er janvier 2021. Elle doit s’accompagner d’un document précisant que les exportations ne devraient pas contenir plus de 2 % d’impuretés. Dans ce cas, pointe Olivier François, « ce n’est plus du déchet mais de la matière première. Le projet de guide qui devait sortir en juin, est reporté à l’automne. Même l’association PlasticsEurope se montre inquiète pour le recyclage des plastiques ».  Autre secteur soucieux des évolutions réglementaires, celui des papiers et des cartons qui, en l’absence d’exutoire sur le continent, exporte chaque année entre quelque 7 et 8 millions de tonnes de ‘déchets’.

 

Un rapport d’audit

En voulant sûrement trop bien faire pour l’environnement, la Commission expose un secteur industriel à des vents contraires. La révision des réglementations destinées aux exportations montre une incompréhension de la part des autorités européennes.

L’audit des clients tel que souhaité par la CE laisse sans voix. « Comment imaginer faire un audit environnemental dans l’entreprise cliente où vous allez livrer et questionner sur les dispositions prises pour assurer le respect des réglementations européennes ? Comment un douanier dans un port étranger peut éplucher l’audit qui aura été réalisé par un bureau spécialisé ?  La Chine exige un contrôle a priori, avant l’embarquement. Le client de l’exportateur enregistré auprès de l’administration via l’AQSIQ doit auditer son fournisseur et contrôler ce qui est expédié. Un rapport d’audit peut faire quelques dizaines de pages alors que pour l’AQSIQ, c’est oui ou c’est non : vous êtes ou non conformes. L’énorme surprise pour notre profession, est l’accord d’Eurofer (ndlr : association européenne des aciéristes) avec la Commission européenne ! Nous avons tiré la sonnette d’alarme auprès du secrétariat d’État à l’Industrie en l’informant du projet de la Commission menaçant l’industrie européenne du recyclage. La réponse d’Agnès Pannier-Runacher nous a particulièrement déçus. La secrétaire d’État a accueilli favorablement le souhait de l’Europe de préserver les ressources sur le continent. »

Le problème, souligne à grands traits Olivier, « est que pour les fonctionnaires, le recyclage est réalisé dans les aciéries, dans les papeteries… nous ne sommes pas les recycleurs ! Il faut l’entendre pour le croire. Nous l’avons encore constaté lorsque nous avons indiqué exporter de l’acier recyclé, on nous a rétorqué : ‘Mais non, vous exportez des steel scrap !’ Ils ne comprennent pas que l’économie circulaire, c’est nous qui la faisons vivre ! »

Le vice-président d’EuRIC regrette que la profession n’ait pas suffisamment porté attention aux vocables employés. De la ferraille entre sur les sites de recyclage, et de la ferraille en sort... « Tant que l’on continuera à utiliser ces mots, comment voulons-nous que des tiers qui ne connaissent rien à notre métier nous considèrent autrement que comme des logisticiens ! »

Les fonctionnaires européens «  commencent  à comprendre qu’ils sont en train de toucher des secteurs vitaux, en particulier les métaux ». Olivier François n’omet pas de rappeler le poids des métaux, ferreux et non ferreux, dans les économies nationales. « Sur les 100 millions de tonnes d’acier recyclé produites en Europe, nous en exportons 20. Nous demandons que soit fixé un objectif pour les prochaines années avec une date pour réduire ces volumes exportés et qu’ils soient consommés en Europe. Et dans ce cas nous demandons que les hauts-fourneaux mettent de l’acier recyclé dans les convertisseurs. Ils peuvent le faire. Aujourd’hui ils consomment 5 à 6 % d’acier recyclé alors qu’ils peuvent en mettre 30 %. Sur Dunkerque par exemple, c’est un million de tonnes en plus par an, 800.000 tonnes sur Fos. Si on étendait cette utilisation à l’ensemble des installations européennes, les 20 millions n’auraient plus besoin d’être exportées. Mais cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. »

Les professionnels du recyclage se trouvent pris en étau entre la nécessité de préserver l’environnement, nécessité dont ils ont conscience, et la volonté de l’UE de conserver les ressources en matières premières en Europe. Encore faut-il encourager les industriels à les utiliser.

 

*https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32020R2174&from=EN

 

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