TLC Alain Claudot écoconception
RDV avec... Maud Hardy, directrice générale de Refashion
Posté par : Martine Chartier 22.02.2022 à 11h30
Refashion, l’éco-organisme dédié au textile et aux chaussures, semble avoir quitté le sépia d’Eco-TLC pour revêtir de nouveaux habits et de multiples couleurs. Maud Hardy, sa nouvelle directrice générale, entend orienter l’organisation vers de nouveaux défis en privilégiant le recyclage. Cette priorité s’affiche dans le projet de cahier des charges pour le réagrément de l’éco-organisme en 2023.
Maud Hardy est arrivée au sein de l’éco-organisme fin 2017 à la direction Economie circulaire. « Avec Alain Claudot (alors directeur général), nous nous sommes dit que deux chantiers étaient prioritaires : l’éco-conception ou comment aider les marques à se doter d’un outil destiné à changer leur façon de travailler afin de comprendre ce qui est indispensable lors de l’élaboration d’une nouvelle collection de produits. Et comment substituer de la matière recyclée à la matière vierge, travailler sur des collections plus durables et mieux recyclables. »
Au cœur du dispositif REP
Un chantier qui a vu émerger la plateforme en ligne Eco design* qui propose des fiches techniques très complètes.
« Les marques sont extrêmement demandeuses d’informations et d’outils avec un gain de temps et d’efficacité avec les fiches techniques mises à disposition des équipes techniques pour arriver ‘step by step’ à éco-concevoir une collection de produits. » Dans la foulée, la plateforme Recycle lancée l’an dernier est conçue pour favoriser la mise en relation entre tous les acteurs de l’aval : les opérateurs de collecte, de tri, les préparateurs, les recycleurs, les intégrateurs.
« Notre objectif, poursuit la dirigeante, est de travailler clairement à développer une industrie du recyclage en France et en Europe, remettre le bénéfice environnemental au cœur du dispositif REP. Ce n’était pas forcément la vocation initiale. Aujourd’hui, c’est vraiment le vecteur principal pour la révision du cahier des charges, enfin parler de transparence et de traçabilité sur l’ensemble du cycle de vie. »
Modulation des trajectoires
Refashion compte quelque 4.000 adhérents directs ou via des contrats de groupes, et perçoit 35 millions d’euros de contributions. Ces dernières sont en croissance constante depuis des années et ne devraient pas diminuer, précise Maud Hardy. « La contribution est indispensable au développement du recyclage. Actuellement, elle sert plus particulièrement à la réutilisation qu’au recyclage. Les marques sont assez conscientes de cette modification de trajectoire, elles sont demandeuses d’informations sur l’usage des contributions. Des questionnements se sont faits jour sur le dispositif actuel. Nous sommes actuellement en discussions avec le ministère de la Transition écologique afin de proposer un dispositif assez ambitieux de modulation des trajectoires sur les trois-quatre prochaines années avec l’introduction de pénalités sur les produits qui ne respecteraient pas les critères de durabilité ou, au-delà du produit, des critères de démarche environnementale d’entreprise qui ne serait pas vertueuse. Les éco-modulations seront dissuasives ou incitatives. » Refashion s’est engagé en faveur de l’affichage environnemental européen qui serait un référentiel unique d’évaluation de l’empreinte environnementale.
L’amélioration du dispositif
Maud Hardy entend dynamiser le recyclage des textiles et chaussures, et opte pour une approche « très ouverte d’intelligence collective ». La filière soutient financièrement les voies d’intégration des matériaux composites et des non tissés recyclés pour des utilisations diverses. Une bibliothèque des matières réalisée en 2021 avec le concours des marques détaille les principales matières de base, leur différente proportion dans les mélanges, les supports différents pour un même mélange… Autant d’informations indispensables au paramétrage des lecteurs optiques des machines de tri.
La collecte et l’atteinte des objectifs fixés donnent cependant du fil à retordre à la filière. Avec 40 % des volumes collectés sur les 50 % programmés, une réflexion est lancée sur l’amélioration du dispositif et la définition d’une nouvelle stratégie. Le mélange est l’une des difficultés : il en va ainsi du collant en polyamide que l’on sait très bien recycler, mais qui finit en centre d’incinération lorsqu’il est collecté avec les déchets ménagers. Qui dit collecte, dit prestataires, une relation qui ne semble pas optimale pour Maud Hardy qui a bien du mal à évoquer le sujet. « Nous pouvons co-construire le nouveau modèle, celui qui a court n’est pas efficace, n’est pas juste et n’a clairement pas permis le développement d’une industrie du recyclage ! »
* https://refashion.fr/eco-design/fr/%C3%A0-vous-de-jouer?