cuivre envolée prix
Le cuivre atteint des sommets historiques
Trop vite. Trop haut. Trop dangereux
Posté par : Christophe Véron 22.02.2021 à 10h30
Pour beaucoup de professionnels du recyclage, la hausse du cuivre, ou plutôt son envolée, confine à la divine surprise. Qui aurait en effet imaginé il n’y a pas deux semaines que le métal rouge verrait son cours de référence flirter avec son sommet historique de février 2011, 10.190 dollars la tonne ? Quelques initiés peut-être ? Et encore… Si les plus chanceux ont pu tirer quelque parti de cette flambée, d’autres devront se contenter de voir passer le train. Les usines à travers le monde sont en effet nombreuses à suspendre leurs achats, considérant — sans doute avec raison — que ce qui monte trop vite et trop haut finit toujours par se casser la figure. Au-delà de cette figure à la rhétorique très approximative, une hausse n’a de sens qu’à partir du moment où elle est partagée par tout le monde. Ainsi, vendre des déchets plus cher n’est concevable que dès lors que les transformateurs sont dans la possibilité de vendre leur production en tenant compte de la hausse consentie à leurs fournisseurs. Or, ce n’est clairement pas le cas. Dans ces conditions, on assiste en général à une progression des décotes. Mais dans le cas présent, ce mécanisme ne suffit pas. La hausse est telle que les acheteurs de demi-produits se refusent le plus souvent à passer commande, bloquant ainsi toute la chaîne amont.
A ce jeu-là, seuls les récupérateurs ou les négociants qui bénéficient de contrats annuels devraient pouvoir tirer parti de cette situation. Mais, là encore, profiter de cet avantage peut s’avérer dangereux. En effet, depuis le début de la pandémie, les sociétés d’assurance-crédit sont particulièrement frileuses pour couvrir le risque financier sur les transformateurs de métaux. Beaucoup de lignes de crédit ont ainsi été divisées par deux, voire totalement supprimées. Ainsi en décembre dernier avec une couverture de 100.000 euros pouvait-on à peine couvrir 20 tonnes de cuivre mêlé. Aujourd’hui pour la même somme, on en couvre même pas 15 tonnes… Le risque est ainsi à la hauteur du niveau atteint par les cours. Insupportable.
D’aucuns verront dans la situation actuelle une manipulation du marché par les opérateurs chinois, lesquels ont largement les moyens de faire monter les cours pour ensuite inonder le monde de cuivre au cours le plus haut, pour ensuite le racheter à vil prix une fois les cours redescendus sur terre. Ils l’ont déjà fait !
L’Histoire des marchés aime ainsi à repasser les plats. Elle sait que les opérateurs, aveuglés par l’appât du gain, ont encore trop souvent la mémoire courte !