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cours des métaux

Le caoutchouc dans tous ses états

Rendez-vous avec... Stéphane Moine, président de Moine Recyclage Régénération

Posté par : Martine Chartier 08.10.2024 à 16h13

C’est  de l’autre côté de l’Atlantique, chez nos cousins québécois, que Stéphane Moine a enrichi sa formation d’ingénieur matériaux, complétée par un master en gestion de projets. Pour son stage de fin d’étude, il intègre la structure que le groupe Minier (béton) avait créée pour le recyclage des caoutchoucs. « Je suis rentré au sein de la société qui s’appelait Minier Recyclage Régénération en 2011. A mon arrivée, nous étions précurseurs dans le domaine, quelques sociétés qui s’étaient lancées dans cette activité avaient arrêté. J’ai proposé une solution de valorisation pour les caoutchoucs industriels, tout sauf les pneus. » La direction du groupe lui propose d’en prendre la direction. « Nous avons commencé avec une petite usine à Houdans dans l’Essonne et un seul collaborateur avec moi ». Sa spécialité : le recyclage des chutes de caoutchouc et la production de granulats destinés aux sols sportifs et de loisirs.

Doubler les volumes entrants

                Lors de son arrivée, la société réalise 20.000 € de CA. Douze ans plus tard, Moine Recyclage Régénération enregistre un peu moins de 12 millions d’euros de CA et emploie une vingtaine de personnes. Elle s’est installée sur une zone industrielle à Dreux, dans l’Eure, et dispose de quelque 10.000 m².  Le dirigeant souligne l’absence de difficulté pour trouver des clients, au contraire. La difficulté est de n’avoir pas suffisamment de gisements. Sa volonté de doubler les volumes entrants, actuellement 10.000 tonnes annuelles, l’invite à doubler la surface de l’usine. Les travaux sont en cours. Sa clientèle s’est élargie : « Pour les collectivités, pour les sols ludiques et sportifs, cela fait des années que l’on vend du recyclé ». A ces derniers s’ajoutent « ceux qui sont contraints de plus en plus de recourir au recyclé, c’est-à-dire toute la partie industrie automobile, précise-t-il. Les nouveaux véhicules doivent avoir des impacts CO2 les plus bas possible et intégrer le maximum de recyclé. Les  constructeurs et les sous-traitants ont besoin d’avoir des gisements de caoutchouc recyclé, c’est à ce stade que nous intervenons ».

                Stéphane a racheté l’ensemble des parts et donné son nom à la société. « Nous avons grandi petit à petit, en essayant de trouver les bons exutoires et la bonne façon de traiter ces produits. Nous avons tellement avancé que nous sommes aujourd’hui les leaders en France sur ce marché. Nous avons l’ambition de devenir l’un des acteurs les plus importants en Europe ».

De plus en plus de produits en fin de vie

                Très connue pour le traitement du caoutchouc EPDM (un type d'élastomère à base d'éthylène, propylène, diène et monomère) qui fait partie des gisements importants dans les chutes de production (joints de portières automobiles en particulier), l’équipe s’est diversifiée afin de traiter aujourd’hui quasiment tous types de caoutchoucs.

                Ses fournisseurs sont principalement les industries qui génèrent beaucoup de chutes de production,  une façon de mieux maîtriser les flux. « Depuis trois ans, nous nous intéressons de plus en plus aux produits en fin de vie. » Peu de solutions de traitement existent jusqu’à présent, ces caoutchoucs finissent en enfouissement ou brûlés. « C’est notre challenge pour continuer à augmenter les volumes de deux façons : aller chercher de plus en plus loin les produits et traiter de plus en plus de produits en fin de vie. »

                Parmi les produits concernés, le dirigeant cite les joints des véhicules en fin de vie, des produits de la SNCF issus de la déconstruction des rails et des trains. Il compte également sur la REP appliquée à la déconstruction du bâtiment pour constituer une nouvelle source de matériaux en caoutchouc. « Dans tous les cas, nous effectuons un contrôle des produits entrants, un prébroyage, une granulation et une séparation suivant les produits. Nous enlevons les métaux, acier, aluminium, le cuivre, les textiles, les fibres. »

                Un laboratoire opère le contrôle et la caractérisation des caoutchoucs, leurs propriétés en fonction du traitement et de l’utilisation en aval. De nouveaux équipements sont venus compléter ces opérations grâce au financement du Plan France 2030 pour le recyclage des plastiques, caoutchoucs et élastomères. La société a été retenue par l’ADEME pour devenir l’un des leaders en France de la dévulcanisation*, autre étape de recyclage du caoutchouc.

                Economie de matière rime avec économie d’énergie, le dirigeant constate que l’un des coûts les plus importants dans son secteur d’activité est l’électricité. Le nouveau bâtiment sera couvert de panneaux solaires afin de maîtriser ces coûts.

Martine Chartier

*La dévulcanisation consiste à décomposer les liens de soufre croisés entre les chaînes en caoutchouc synthétique et caoutchouc vulcanisé. Ainsi traité, le caoutchouc retrouve  les propriétés et caractéristiques d’origine.

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