déchets aluminium LME laminage tréfilage

Alu post-consommation et lingots de seconde fusion

Les deux pieds sur le frein

Posté par : Christophe Véron 18.07.2022 à 09h00

Les récentes fluctuations du cours de l’aluminium à Londres reflètent bien mal l’état réel du marché. Les deux gros consommateurs de métal léger que sont le bâtiment et l’automobile sont au plus mal. Le premier accuse un repli de plus de 15 % au deuxième trimestre 2022, quant à l’automobile, c’est là-aussi -15 % que le marché européen essuie au premier semestre de cette année. Dans ces conditions, les producteurs d’aluminium font plutôt grise mine. « Les carnets de commandes peinent à se remplir, c’est un fait », nous confiait récemment un producteur. Propos confirmés par l’un de ses confrères, plus inquiet encore « des annulations de commandes à répétition ».

Faute de visibilité, et compte tenu d’un marché encore très fragile, les transformateurs de déchets d’alu sont les deux pieds sur le frein quand il s’agit d’acheter. Une situation qui commence à inquiéter sérieusement certains grands collecteurs sous contrats avec des industriels dont ils récupèrent les chutes. « Si on ne peut pas placer les tonnes qu’on récupère, ça va devenir franchement très compliqué », explique l’un d’entre eux. D’autant plus compliqué que les rares acheteurs s’empressent bien évidemment d’augmenter les décotes ou de diminuer les primes. Gare, dans ces conditions, aux contrats qui ne prévoyaient pas de clause de revoyure. « Si ça continue, on va perdre sur chaque tonne qu’on enlèvera », soupire un collecteur. D’où l’empressement de certains à placer des tonnes coûte que coûte. Ceux-là font coup double. D’une part, ils parviennent à arbitrer une partie de leur collecte. D’autre part, ils rassasient les usines que leurs concurrents ne peuvent plus solliciter pour placer leurs propres marchandises. Un constat qui vaut pour la plupart des qualités d’aluminium, dans le laminage et le tréfilage, comme dans le secteur de l’affinage.

« Appeler un consommateur ? Mais vous n’êtes même pas certain qu’il décrochera son téléphone pour vous répondre ! », résumait en début de semaine un recycleur français. Seule solution : l’exportation. Mais là-aussi, les conditions de marché sont difficiles et les conditions de réception tatillonnes.