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Turquie : les prix des ferrailles flirtent avec les records absolus

Posté par : Christine Lairy 01.03.2022 à 11h45

Inchangés depuis le 10 février dernier, à 507 dollars la tonne CFR, les prix de la HMS 1&2 (80:20) américaine, qui fait référence en Turquie, ne cessent de progresser depuis l’annonce de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Avant que le conflit n’éclate, les aciéries turques avaient déjà réduit leurs achats de ferrailles dans ces deux pays en raison des fortes taxes mises en place en décembre-janvier sur leurs exportations.

 

Nombreuses ventes de billettes

Aujourd’hui, les Turcs ont des besoins en ferrailles d’autant plus importants à couvrir que les acheteurs habituels de matières premières sidérurgiques et de demi-produits russes et ukrainiens doivent avec la guerre se tourner vers d’autres gisements. Les aciéries turques sont en particulier très sollicitées pour produire et vendre des billettes — certaines sources parlent de plus de 200.000 tonnes vendues à l’export ces derniers jours. Dans les derniers contrats qu’elles ont conclus à l’export, elles ont obtenu jusqu’à 740 dollars (656 euros) la tonne FOB pour leur production d’avril. Et elles soumettent des offres qui montent désormais à 780 dollars (691,5 euros), toujours en base FOB. Sur le marché domestique turc, les derniers achats/ventes de billettes se sont eux négociés au prix de 760 dollars (674 euros) la tonne départ, un niveau en hausse de plus de 40 dollars (35,5 euros) sur une semaine.

 

Prix stratosphériques

Dans ces conditions, on s’attend à ce que le prix de la HMS 1&2 (80:20) américaine franchisse dans les prochains contrats la barre des 520 dollars (461 euros) la tonne CFR. Pour l’heure, les plus prudents estiment ce prix à 517 dollars (458,5 euros), tandis que d’autres montent jusqu’à 525 dollars (465,5 euros), ce qui constituerait un record absolu, au-delà de celui établi en mai 2021 à 515,75 dollars.

De son côté, la HMS 1&2 (80:20) est annoncée entre 510 et 515 dollars (entre 452 et 456,5 euros) la tonne CFR au départ du Benelux. Soit autour de 487 dollars (431,5 euros) en base FOB Rotterdam, avec un prix de collecte globalement stable, à 400 euros la tonne franco à quai dans les ports d’Amsterdam, Rotterdam, Anvers et Gand, même si certains professionnels disent avoir vu des transactions se nouer autour de 385 euros.

De l’autre côté de la Manche, le coût de collecte de la HMS 1&2 (80:20) est lui-aussi globalement stable, à 280-300 livres (335-359 euros) la tonne franco. La fourchette s’est un peu élargie sur deux semaines, puisqu’elle était comprise entre 285 et 295 livres (entre 341 et 353 euros) aux alentours de la mi-février.

 

540 dollars pour la HMS ?

Le marché à terme de Londres (LME) confirme le mouvement haussier à l’œuvre, avec une situation de contango très marquée sur les prochaines semaines.

Lundi 28 février, le contrat pour échéance fin mars a ainsi renchéri de 10 dollars, à 540 dollars la tonne [pour la HMS 1&2 (80:20) exportée vers la Turquie, prise comme référence sur le LME], tandis que celui pour échéance fin avril a bondi de 25 dollars, à 555 dollars...

540 dollars (478,5 euros), c’est le prix que certains exportateurs américains viseraient désormais pour leur HMS 1&2 (80:20), avec un broyé… à 580 dollars (514 euros) ! Des prix qui seraient réellement stratosphériques, mais qui ne se matérialiseront que si les contrats de mars se nouent à des niveaux en forte progression sur le marché domestique américain (voir notre article ci-dessous En bref). Ce qui n’est pas encore assuré.

Sans surprise, on notera que les hausses de prix sont également d’actualité sur le marché domestique turc des ferrailles : vendredi 26 février, plusieurs aciéries ont effectué des majorations de leurs prix d’achat, dans des proportions très variables, allant de 100 à 1.500 livres turques (de 6,5 à 96,5 euros) selon les sortes et les usines.