Pellenc ST Jean Hénin Bertrand Piccard
Technologies de tri : Pellenc ST cultive le don de l'innovation
Posté par : Christine Lairy 01.07.2022 à 14h26
Pour Roger Pellenc, jeune gaillard de 77 ans, l’innovation est un don qui, comme bien d’autres, la musique par exemple, doit se cultiver tous les jours. Et les personnes qui ont reçu le don d’innover et de créer doivent pouvoir le faire éclore et grandir dans un environnement favorable.
Dans l’entreprise, nous confie cet ingénieur de formation que tous surnomment ‘Roger l’inventeur’, ce talent ne doit pas être étouffé sous des tâches de management ou de gestion. L’homme semble assez sûr de ce principe – l’ayant a priori d’abord expérimenté sur lui-même, délaissant au début de sa carrière professionnelle le confort relatif d’un poste de professeur de technologies à Avignon, au retour d’une coopération en Algérie, pour la création plus aléatoire de sa petite entreprise, dans un hangar prêté par grand-papa, son agriculteur de père lui ayant refusé son assistance — « Tu es le roi des cons », se souvient avoir entendu Roger de son paternel, quand il s’ouvrit à ce dernier de ses projets d’entreprenariat.
La suite de l’histoire est désormais bien connue : en 1973, Roger crée avec Jean-Paul Motte la société Pellenc qui développe et construit des machines pour l’agriculture spécialisée (vitiviniculture, arboriculture, oléiculture, etc.). En 2001, comme principal actionnaire, il fonde Pellenc Selective Technologies (Pellenc ST), qui conçoit, produit et commercialise des équipements et des services de tri intelligents et connectés pour l’industrie du recyclage. Aujourd’hui, Pellenc ST revendique plus de 2.000 machines installées dans plus de 40 pays, avec un service après-vente répondant 24h/24 et 7j/7.
Présidée depuis 2013 par Jean Hénin (portrait dans Profession Recycleur n°1337 du 21 octobre 2021), l’entreprise du Vaucluse mène tambour battant son plan stratégique ‘We Are 2025’, qui vise à consolider son statut d’ETI — c’est chose faite depuis cette année, indique le président — et à accélérer sa croissance, avec notamment pour ambition de porter le chiffre d’affaires de l’entreprise à 97 millions d’euros en 2025, soit deux fois plus qu’en 2019.
De ce côté, les choses avancent vite, puisque le CA est déjà passé de 19 millions d’euros en 2014, à 45 millions en 2020, pour atteindre 52 millions à fin 2021. En termes de ventes, la direction parle de 230 machines en 2021, avec un prévisionnel à 300 pour 2022.
Le plan stratégique de Pellenc ST à horizon 2025 s’attache aussi à promouvoir l’attrait du Made in France à l’international*, où l’entreprise réalise autour de 70 % de son CA. Mais les fournisseurs sont à proximité : « 85 % de notre supply est française », tient à préciser Jean Hénin, qui accole facilement le terme de partenaires à celui de fournisseurs. Et prend pour illustrer ce relationnel l’exemple de Syselec, sous-traitant électronique, qui « a été de très bon conseil sur les récentes pénuries de composants électroniques ».
Et l’innovation dans tout cela ? Cet ADN semble plus que jamais au cœur de la stratégie de l’entreprise, qui réinvestit la plus grande partie de ses bénéfices en R&D, et affecte 35 % de ses effectifs au développement de nouvelles technologies.
Le groupe ne lésine pas non plus sur les outils : mardi 28 juin 2022, en présence d’invités de marque et de nombreux partenaires, Pellenc ST a inauguré en grande pompe un nouveau Centre Innovation de 1.350 m².
Dévoilé à un mois de sa mise en service officielle, fin juillet théoriquement, le nouveau Centre Innovation de Pellenc ST s’articule autour d’un espace dédié au prototypage (tri mécanique, tri optique, tri électronique, etc.), et d’un autre reproduisant les conditions réelles d’un centre de tri, avec quatre lignes spécifiques : une ligne de validation applicative pour tester les process clients ; une ligne modulaire pour réaliser des essais en conditions réelles ; une ligne de contrôle qualité pour analyser les flux et opérer la remontée d’indicateurs. La dernière ligne est consacrée aux technologies du futur, c’est à-dire au développement de nouvelles briques technologiques. Car c’est un leitmotiv chez Pellenc ST : qu’elles soient basées sur la spectroscopie (pour les emballages) ou les rayons x (métaux, DEEE, etc.), les technologies développées par Pellenc ST sont des technologies globales, et non des technologies clients. En revanche, la société joue à fond la carte de la modularité et de l’évolutivité, de façon à optimiser les applications existantes et intégrer toutes les avancées.
Parmi les nouvelles technologies à l’étude, il y a celle dite du ‘tatouage numérique’, aussi connue comme le watermarking, sur laquelle Pellenc ST planche avec de nombreux autres partenaires au sein du projet pilote HolyGrail 2.0. Entré dans sa deuxième phase fin 2020, indique Eric Westerhoff, directeur Marketing de Pellenc ST, ce projet doit permettre une détection avancée des emballages alimentaires et non-alimentaires. Dans les grandes lignes, le principe consiste à insérer un filigrane invisible dans l’emballage, une sorte de code-barres numérique qui permet son tri automatique.
Pour financer la conception et la construction de son nouveau Centre Innovation (process, machines, infrastructures, bâtiments), Pellenc ST a investi 10 millions d’euros — ce qui inclut 500.000 euros d’aides versées dans le cadre de France Relance, avec le soutien de Bpifrance, la Région Sud, l’Ademe, Territoires d’industrie et Régions de France. Ce Centre Innovation constitue la première tranche d’un projet de développement et de modernisation plus global, doté de 30 millions d’euros sur sept ans (2018-2025), incluant également la livraison fin 2022 d’un nouveau Centre de Production et celle d’un nouveau Centre de Tests, en 2023 ou 2024.
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*Au-delà de ses deux filiales aux Etats-Unis et au Japon, la société Pellenc ST est présente dans d’autres pays au travers de structures locales et de services de proximité. C’est le cas en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Pologne, en Turquie, au Canada, au Mexique, en Grèce, en Corée du Sud et en Australie notamment.