Plastics Europe Kevin Poelmans Mik Van Gaever
Recyclage des plastiques
Le plat pays surfe sur les sommets
Posté par : Christophe Véron 
15.07.2022 à 15h55
« Un Belge, c’est un Français qui a réussi. » Cette pensée, ô combien profonde de l’humoriste belge Stéphane de Groodt, si elle est loin de refléter la réalité des choses, n’en illustre pas moins assez fidèlement les performances de la Belgique en matière de recyclage des plastiques, avec un taux de 39 % en 2020, contre 27 % en France. La moyenne de l’UE est quant à elle de 35%. C’est du moins ce qui ressort d’une étude réalisée par Plastics Europe, relayée par la fédération technologique Agoria et PolyMatters, la fédération des transformateurs de plastique et des producteurs de polymères.
L'étude considère le recyclage sous forme de valorisation matière. Ne sont donc pas pris en considération l’enfouissement ou l’incinération. « Les pays de l’Union européenne ont enfoui en moyenne 6,9 mégatonnes de déchets plastiques en 2020, tandis que la Belgique n’a enterré que 10.000 tonnes, soit seulement 2 % de ses déchets plastiques », rappelle Kevin Poelmans, de chez Agoria dans le secteur de la transformation des plastiques. Plus précisément, seuls 2 % des plastiques belges partent à l’enfouissement, contre 23 % en moyenne européenne.
Au final, le plat pays occupe la 8ème place européenne en matière de recyclage des déchets plastiques post-consommation. Et niveau emballages uniquement, elle fait encore mieux en occupant la 4ème place. Entre 2018 et 2021, le taux de recyclage est ainsi passé de 43 % à 52 %, grâce notamment à la mise en place du bac bleu en 2019, dans lequel les citoyens peuvent trier leurs bouteilles en plastique, mais aussi leurs barquettes, sachets, boîtes, pots et autres films. Progressivement, ce dispositif s’est étendu à tout le pays en 2021. Un bémol toutefois : « L’extension des types d’emballages pouvant rentrer dans le nouveau sac bleu a rendu plus complexe le tri pour les centres de tri en Belgique », rappelle Mik Van Gaever, directeur des opérations de Fost Plus, qui coordonne et finance la collecte, le tri et le recyclage des emballages ménagers dans le pays.
Afin de passer cet obstacle, « nous avons donc lancé un appel à projets pour générer des investissements dans de nouveaux centres de tri plus modernes, avec une garantie pour les investisseurs de dizaines de milliers de tonnes de matières à traiter pour une durée minimum de neuf ans, et avec une qualité contrôlée du contenu du sac bleu », explique-t-il. Quatre nouveaux centres de tri ont ainsi été construits et un cinquième doit être opérationnel dès le début 2023. L’investissement est de l’ordre de 40 millions d’euros par site.
A terme, les cinq centres (trois en Wallonie et deux en Flandre) trieront 100 % du flux d’emballages plastiques collectés en Belgique, contre 90 % aujourd’hui.
Les déchets d’emballages sont séparés en 14 fractions (10 types de plastiques différents), puis vendus par Fost Plus au marché du recyclage. « La Belgique a été dès le départ plus ambitieuse que l’Union européenne en matière de recyclage des déchets d’emballages plastiques, explique Mik Van Gaever. Quand l’Europe vise 50 % de recyclage en 2025 et 55 % en 2030, nous tablons sur 65 % en 2023 et 70 % en 2030. Pour aller plus loin encore, le défi est maintenant de recycler toujours plus sur le territoire belge ».
Trier local pour produire local
De fait, le local est un objectif primordial pour les autorités nationales : « L’objectif pour 2024 est de recycler 75 % des déchets d’emballages plastiques sur le territoire belge, créer des emplois et attirer les investissements, pour une véritable circularité dans le pays. »
Un objectif qui semble parfaitement légitime dans la mesure où la Belgique se situe à la 7ème place européenne du classement des transformateurs de matières plastiques et qu’elle dispose sur son territoire de l’implantation de l’un de plus grandes centres mondiaux de production de polymères.