Derichebourg Veolia Paprec
La recomposition s'accélère dans le recyclage
2021, année des super champions
Posté par : Christine Lairy 15.12.2021 à 09h00
Il y a un an, pour le premier numéro de 2021, Profession Recycleur s’ouvrait sur une première page revisitée, afin d’offrir à ses abonnés une meilleure lisibilité.
Le hasard de l’actualité avait voulu que cette première Une en pleine page soit consacrée à Derichebourg et à son projet de rachat de GDE Groupe Ecore…
Douze mois ont passé ou quasi, et l’année se referme sur une nouvelle Une consacrée à Derichebourg. Car force est de constater que 2021 aura bien été « l’année du buffle » : entre le bouclage imminent du rachat de GDE et un exercice 2020/2021 historique (voir notre article en page 5), le groupe piloté par le très discret Daniel Derichebourg, spécialiste du recyclage des métaux ferreux et non ferreux, aura en effet vécu « une année en or ».
Pour les professionnels du recyclage et du déchet, les exceptionnels résultats présentés par Derichebourg au titre de son dernier exercice ne sont pas vraiment surprenants : le groupe a en effet bénéficié d’un effet de base très favorable, et les prix des matières secondaires, comme celles des matières premières, ont été beaucoup plus élevés que l’année précédente.
Le rachat de GDE Groupe Ecore devrait lui être bouclé d’ici fin 2021, ou tout début 2022. Les discussions sont en voie de finalisation avec Bruxelles sur les cessions à opérer — quelques broyeurs notamment devraient changer de mains, la liste est attendue… ce 15 décembre.
Cette acquisition fait partie de celles, nombreuses, qui contribuent à la recomposition accélérée du paysage français du recyclage : ce mardi 14 décembre, la Commission européenne a ainsi levé le dernier obstacle à l’OPA de Veolia sur Suez, lancée en août 2020. En plus de la cession des activités de Suez dans l’eau en France, de l’activité déchets en France et de plusieurs filiales internationales, Bruxelles a conditionné son approbation définitive à de nouvelles cessions : celles-ci portent sur des activités de déchets spéciaux (déchets dangereux) et de traitement d’eau pour des industriels en Europe, soit entre 200 et 300 millions de chiffre d’affaires annuel. A noter que deux antitrusts (au Royaume-Uni et en Australie) n’ont pas encore donné leur approbation, mais cela ne bloque pas l’opération — au pire leurs décisions pourraient déboucher sur de nouvelles cessions.
Dans la course à la taille et au gigantisme, le tour d’horizon de l’année 2021 ne serait pas complet sans évoquer le groupe Paprec et ses nombreux rachats, avec en particulier l’offensive lancée dans le secteur de la valorisation énergétique.
En quelques mois, le groupe fondé par Jean-Luc Petithuguenin a en effet réalisé l’acquisition de la branche Opération et Maintenance de CNIM (Constructions Navales et Industrielles de la Méditerranée), puis celle de Tiru (ex-Dalkia Wastenergy) — ces activités sont désormais hébergées au sein d’une division dédiée, Paprec Energies, capable d’assurer la valorisation de 4 millions de tonnes de matières par an.
A l’heure où les gros deviennent plus gros, que reste-t-il aux plus petits ? Difficile question : l’agilité sans doute, l’enracinement dans les territoires certainement… Et le besoin aussi d’être accompagnés — et défendus — face aux mutations qui s’opèrent au niveau de tout un système. On pense en particulier à la généralisation des filières à responsabilité élargie du producteur (REP), qui porte le risque de voir partir la propriété de la matière aux metteurs sur le marché via les éco-organismes. On pense aussi aux difficultés à recruter et aux projets de Bruxelles pour limiter les exportations hors UE de matières premières secondaires…
Les défis à relever sont nombreux. Alors que 2021 s’achève, nous formons le vœu que les professionnels du recyclage, grands et petits, trouveront en 2022 l’énergie et les compétences pour les relever !