Investissements industriels : 3 projets d’envergure annoncés en cette rentrée

Paris.– Le recyclage est un domaine porteur qui attire les capitaux à l’échelle mondiale. Trois projets récents en témoignent : l’implantation d’Oklo dans le Tennessee pour recycler du combustible nucléaire, la première usine française de Thermogreen dédié au polystyrène ,et la percée de Niutech au Royaume-Uni avec sa technologie de pyrolyse des plastiques. Trois initiatives qui illustrent une même dynamique mondiale : le recyclage est plus, que jamais, un pan incontournable de l’industrie. 

Le nucléaire américain mise sur le recyclage

                Dans le gigantesque Etat du Texas (près de 700 000 km²), on dit « Everything is bigger in Texas » (Tout est plus grand au Texas), un slogan valable plus largement pour tout le pays. Et comme les Américains ne font rien à moitié, l’entreprise Oklo a annoncé un investissement massif : 1,68 milliard de dollars (environ 1,44 milliard d’euros) pour construire un site de recyclage nucléaire dans le Tennessee. L’objectif : récupérer les matériaux encore exploitables dans le gisement de déchets de combustible nucléaire, pour les transformer en nouveau carburant. C’est la première fois qu’un projet de ce type est porté par des fonds privés. A terme, plus de 800 emplois doivent être créés.

                Les Etats-Unis disposent de 94 000 tonnes de déchets de combustible nucléaire, ce qui équivaut à un gisement énergétique colossal. Pour Jacob DeWitte, pdg d’Oklo, « transformer des déchets en gigawatts » est un moyen de renforcer la souveraineté énergétique américaine tout en réduisant la dépendance aux importations de matières fissiles (uranium, plutonium). Le début de la phase opérationnelle est prévu début 2030, sous réserve de l’aval des régulateurs.

Thermogreen parie sur le polystyrène en France

                En Europe, c’est à Laon, dans l’Aisne, que l’espagnol Thermogreen a choisi d’implanter sa première usine française. Un investissement de 25 millions d’euros, dont 2,71 millions de subventions de l’Ademe, pour construire une unité capable de recycler 12 000 tonnes de polystyrène par an. L’équivalent de 30 000 appartements pourront être isolés chaque année grâce aux 400 000 m³ d’isolant produits.

                Ce projet illustre une logique d’économie circulaire appliquée à un matériau souvent décrié pour son faible taux de valorisation. En réutilisant les caisses issues du transport de poisson ou d’équipements électroniques, Thermogreen ambitionne de fermer la boucle, sans consommation d’eau et avec une valorisation à 100 % du flux entrant. La mise en service est prévue pour 2027, avec une cinquantaine d’emplois directs à la clé.

Pyrolyse : Niutech s’impose au Royaume-Uni

                Enfin, au Royaume-Uni, Niutech a décroché un contrat de 22 millions de livres sterling pour installer une ligne de pyrolyse continue de 60 000 tonnes annuelles. Cette technologie convertit les déchets plastiques en hydrocarbures, eux-mêmes réutilisables comme matières premières pour de nouveaux plastiques.

                L’accord illustre l’intérêt croissant des marchés européens pour des solutions de recyclage chimique capables de traiter des flux mixtes et complexes. Selon Niutech, 100 000 tonnes de plastiques traités par ce procédé permettraient d’éviter 290 000 tonnes d’émissions de CO₂. La pression réglementaire au Royaume-Uni, notamment la taxe sur les emballages plastiques, accélère le déploiement de ces technologies.

Une filière mondiale en mutation accélérée

                Dans des contextes différents, ces trois annonces traduisent une même réalité : le recyclage est une industrie stratégique, capable d’attirer des financements massifs et d’innover à grande échelle. Qu’il s’agisse d’énergie nucléaire, de plastiques ou de polystyrène, les solutions émergentes répondent à une double exigence : réduire l’empreinte environnementale et sécuriser des ressources devenues critiques. De quoi annoncer une nouvelle ère pour le secteur : celle du recyclage XXL, à la hauteur des enjeux énergétiques, économiques et climatiques.