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Repacar Manuel Dominguez batteries au lithium

Espagne

Pas assurés, les recycleurs de papiers en danger

Posté par : Christine Lairy 22.02.2022 à 16h55

En Espagne, le secteur du recyclage des papiers-cartons représente quelque 600 usines et un chiffre d’affaires avoisinant les 3 milliards d’euros. Pour Repacar, l’association qui fédère ces professionnels, le secteur est aujourd’hui en grand danger.

Selon l’organisation, la menace vient des compagnies d’assurances, qui considèrent que ces sites de traitement sont exposés à des risques majeurs d’incendie — raison pour laquelle elles refusent de les assurer pour les dégâts matériels que peuvent occasionner ces sinistres.

Pour Manuel Domínguez, directeur général de Repacar, le risque n’est pourtant pas plus élevé dans le secteur du recyclage des papiers-cartons que dans d’autres secteurs, comme celui de la chimie par exemple. « Nous avons beaucoup investi dans les mesures de prévention, si bien qu’en 2020, il n’y a eu que sept incendies dans les plus de 600 sites autorisés en Espagne, indique-t-il. Nous sommes entre le marteau et l’enclume. »

 

Perte de compétitivité, risque pour l’économie circulaire

Si elles ne peuvent pas assurer leurs installations, estime encore Manuel Domínguez, une grande partie des entreprises du secteur, des PME principalement, renonceront à investir dans la R&D, dans l’automatisation, et dans tout ce qui leur permettrait de traiter plus efficacement les déchets qu’elles prennent en charge. Ce qui in fine risque de leur faire perdre en compétitivité sur les marchés mondiaux, notamment face au Portugal et à la France. Et d’entraver la transition vers une véritable économie circulaire dans le pays.

En Espagne, aucune loi n’oblige les assureurs à couvrir les dégâts matériels que peuvent subir les recycleurs de papiers-cartons, ce pourquoi l’association réclame une « solution politique » au problème, arguant du fait que le secteur réalise une activité essentielle, qui doit être reconnue comme telle.

 

Gros problèmes de tri

Quant aux risques d’incendie dans les usines, indique encore Repacar, ils sont moins liés à des manquements de la part des opérateurs qu’aux erreurs de tri qui font entrer dans les flux de papiers-cartons des matériaux potentiellement très inflammables : matières organiques, textiles, petits appareils électriques et électroniques, etc.

Comme en France, les batteries au lithium sont à l’origine de nombreux départs de feux : qu’ils viennent de montres connectées, de tablettes ou de smartphones, ces ‘déchets’ peuvent non seulement s’enflammer, mais également provoquer de nombreux dommages sur les équipements.

En outre, la présence d’indésirables dans les gisements de papiers-cartons dégrade la qualité des lots qui ne peuvent pas être recyclés, déplore Manuel Domínguez, qui réclame donc une solution politique « urgente et concrète » pour un secteur qui, en dépit de la pandémie, a réalisé en 2020 un chiffre d’affaires de 2,834 milliards d’euros. Et qui représente quelque 24.500 emplois, directs et indirects. Sans quoi de nombreuses entreprises risquent de disparaître, au premier rang desquelles les PME spécialisées dans la collecte de papiers-cartons : celles qui opèrent sur les marchés mondiaux et en particulier celles qui sont en concurrence avec des entreprises basées en France et au Portugal.